Rendez-vous immanquable du mois de mai, le Festival de Cannes va une fois de plus nous en mettre plein les mirettes cette année pour sa 76e édition. Cet événement est l’un des plus médiatisés au monde et rassemble les plus grands noms du cinéma mondial. Alors, côté visuel, l’équipe du festival marque le coup chaque année avec des affiches plus effervescentes, poétiques et légères les unes que les autres.
Vous aviez déjà remarqué ce travail de composition, avec ces photographies époustouflantes à chaque édition ? Eh bien on peut vous dire que ça n’a pas toujours été comme ça… Il y a parfois eu des choix graphiques originaux, d’autres même très osés et d’autres qui laissent perplexes…
Vous l’aurez compris, les Marcel avaient envie de plonger dans l’univers graphique du Festival, et de vous partager leurs analyses et leurs impressions. Allez, vous montez les marches avec nous ?
Au-delà de la poésie de cette affiche où elle sublime la composition, mettre à l’honneur Catherine Deneuve est un symbole fort. Par le passé, l’actrice a été vice-présidente de l’événement avec Clint Eastwood en 1994, puis a gagné la palme d’honneur en 2005 avant de recevoir 3 ans plus tard un prix spécial pour sa carrière. Et cette année, sa fille Chiara Mastroianni est la maîtresse de cérémonie. Que d’éléments qui désignent Catherine Deneuve comme le visage du Festival de Cannes pour cette 76e édition.
Et c’est avec une légèreté insaisissable que l’actrice est représentée à travers une photographie de Jack Garofalo sur le tournage de «La Chamade», un film réalisé par Alain Cavalier. Une photo prise sur le vif, en 1968, à Saint-Tropez, où le naturel de l’actrice est à son apogée.
Hartland Villa, réalisateur de l’affiche, a retravaillé la photographie noire et blanche en saturant le bas, créant un contraste fort sur la Mer Méditerranée à laquelle l’actrice tourne le dos. Un choix colorimétrique intemporel qui fige le temps.
Une verticalité se dessine dans le mouvement des cheveux de l’actrice et se prolonge jusqu’en bas de l’affiche avec ce jeu typographique dynamique, et un interlettrage très prononcé qui accentue encore plus cet effet vertical.
L’ensemble met en avant une photographie sublime et illustre cette édition 2023 dans une parenthèse intemporelle, insaisissable et vertigineuse. Un bel hommage à cette actrice qui a marqué et marque toujours le monde du cinéma.
Si depuis quelques années les affiches du festival utilisent des photographies issues de chefs d’œuvre du cinéma, cela n’a pas toujours été le cas.
Lors de nos recherches, nous avons découvert quelques petites pépites que beaucoup d’entre vous n’ont sûrement jamais vu, si vous n’avez pas fait les curieux. Ça vaut vraiment le coup d’œil, croyez-nous ! Voici notre petite sélection des affiches les plus étonnantes du Festival de Cannes par le passé. Attention les yeux ! Tendance collage, illustration, composition photographique, surréalisme… Il y en a pour tous les goûts, même les mauvais goûts 😉
Commençons par le commencement : la première affiche du Festival de Cannes. Dans un contexte de guerre, le festival initialement prévu en septembre 1939 est reporté à 1945 puis 1946. Pour cette première édition très attendue, les affiches sont au nombre de trois et sont réalisées par trois illustrateurs : Rémy Hétreau, Leblanc, Paul Colin. (dans l’ordre sur l’image)
Sur la majorité des affiches des premières éditions du Festival, ce sont les couleurs primaires qui dominent, très tendances à l’époque (et bien sûr le vert est proscrit, puisque cette couleur est réputée porter malheur pour les artistes !).
En analysant les affiches d’année en année, notre œil aiguisé de Marcel a pu constater que certains éléments étaient très souvent utilisés.
Dans le top 3, la vue de la Croisette et sa plage, avec ses vagues, son sable chaud et ses mouettes.
En deuxième place, les drapeaux des pays des films en compétition. La sélection reste internationale aujourd’hui, mais les drapeaux ne figurent plus graphiquement sur les affiches.
Et, très souvent combinée à ces drapeaux, l’inévitable bobine de film, symbole très facilement compréhensible du cinéma, présente sur de nombreux visuels dans le rôle principal ou en tant que figurante.
Dans les années 90, la photographie est devenue un des médiums de prédilection pour la réalisation des affiches, avec l’apparition des premiers photomontages. De quoi mettre (quasiment) de côté le style illustratif.
Quelques visuels plutôt « atypiques » sont créés notamment ce photomontage (à droite) de l’édition de 1995 qui reprend la plage cannoise, ce halo lumineux qui met en lumière une scène de film et ce petit bébé qui marche sur l’eau .. On ne sait que trop en penser si ce n’est que c’est une affiche qui marque les esprits !
Les compositions textuelles sont en général très discrètes durant de nombreuses années, laissant une place majoritaire au visuel, à l’exception de certaines affiches exclusivement typographiques dans les années 60-70.
Puis sont arrivées les années 2010 et les affiches composées de photographies des icônes du cinéma. Les compositions typographiques elles aussi ont connu une grande évolution à cette période.. Prenons l’exemple de la 66e édition en 2013. Un visuel central en noir et blanc, une photographie de deux amants, pris dans une spirale de l’amour, un fond retravaillé qui vient danser derrière les personnages.
À droite, une typographie rouge, sûrement pour faire écho au tapis rouge de Cannes, mais aussi pour évoquer la passion. Les mots s’enchevêtrent, comme les deux amants. Le texte s’harmonise avec le visuel.
Depuis plus d’une dizaine d’années, ce principe de composition est très souvent repris et met à l’honneur un acteur/une actrice, une scène culte. Le nom du festival vient cohabiter dans le visuel pour retranscrire une émotion.
Et si certains ont pu être choqués que certaines de ces photographies de cinéma soient retouchées, comme pour la 70e édition avec Claudia Cardinale, l’actrice a su mettre en avant le fait que les affiches du festival sont là pour retranscrire le moment, l’univers, les émotions. Selon ses dires, c’est une sublimation. Pour créer des affiches sublimes et mémorables. Enfin, nous, du côté des Marcel, on est séduit par ces créations glamour qui nous donnent envie de monter les marches. Pas vous ? 😉